Le pacte d'Avril by Sophie Astrabie

Auteur:Sophie Astrabie [Astrabie, Sophie]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2016-07-27T22:00:00+00:00

28

Hier soir en rentrant de la soirée, je n’ai pas pensé à désactiver mon réveil avant d’aller me coucher. Ce premier jour du mois de mai commençait sur un mauvais tempo. Il était 7h30 et j’avais un mal fou à ouvrir mes yeux bien qu’un terrible mal de tête m’empêchait de prolonger mon sommeil. Je me levai à tâtons pour aller chercher de l’aspirine dans le placard de la cuisine, et j’ouvris le robinet pour faire couler un filet d’eau dans un verre. Mais rien. L’eau ne sortait pas du robinet. Je me rendis à la salle de bain pour essayer la douche. Rien non plus. Qu’est ce qu’il se passait ?! Je me servis un verre d’eau minérale et y laissai tomber l’aspirine. Les bulles remontaient à la surface dans un nuage effervescent. Je préférais les bulles d’hier…bien que je me promis de ne plus jamais en boire.

Sur la table de la cuisine, il y avait la carte que Jean m’avait donnée. Je la tenais dans mes mains, la faisant légèrement s’arrondir sous la pression de mes doigts. Je repensais à ce que nous avions eu le temps de nous dire. Pas grand-chose finalement. Mais il m’avait demandé de l’appeler… mais pas un jour férié quand même...puis pas aussi rapidement… Je buvais le verre d’aspirine à petite gorgée. Faire venir un plombier un 1er mai allait me couter une fortune. Je n’étais même pas sûre d’en trouver un.

J’ai impatiemment attendu 9h, par politesse, et je suis descendue sonner à la porte d’Hugues. Mes précautions ne servirent à rien, c’était évident que je venais de le réveiller. Quand il m’ouvrit, il était en train d’essayer d’aplatir ses cheveux en bataille. Il portait un tee-shirt publicitaire trop petit, où l’on pouvait lire “La brioche moelleusement croustillante” en travers du buste et un pantalon de sport gris qui tombait avec nonchalance sur ses pieds nus. Je l’ai trouvé beau. Pendant trois longues secondes je n’ai rien fait d’autre que le trouver beau. Il me regardait sans rien dire. Un instant, il avait essayé de se dissimuler derrière son propre corps mais il avait finalement abandonné. Il était désormais face à moi, complétement détendu.

À l’inverse de lui, j’étais mal à l’aise. Pas tant de l’avoir réveillé. Non, j’étais mal à l’aise de me retrouver plongée dans l’intimité de son réveil. Je trouve qu’il n’y a rien de plus intime que de regarder quelqu’un dormir. La vulnérabilité est si...

- Tu viens prendre le petit-déjeuner ? dit-il en souriant.

- Heu...non...C’est que... je n’ai plus d’eau chez moi. Je me demandais si c’était la même chose dans tout l’immeuble.

- Ah, je ne sais pas. Il faut que je vérifie. Entre !

Je voulu dire que non, je l’attendais dehors, mais il avait déjà franchi la porte de son appartement. Je le suivi sans un mot, posant mes pieds avec légèreté pour faire le moins de bruit possible.

- Tu ne réveilleras personne tu sais. Enfin… plus personne, ajouta-t-il dans un bâillement exagéré.

Il disparut derrière une porte qui devait

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